Depuis l’entrée en vigueur de la loi Lemoine en 2022, les emprunteurs ont la possibilité de changer d’assurance emprunteur à tout moment, une avancée qui avait suscité un intérêt massif à ses débuts. Toutefois, en 2024, l’enthousiasme semble s’essouffler.
Selon les dernières études du secteur, de moins en moins d’emprunteurs profitent de cette opportunité pour réaliser des économies, et le changement d’assurance intervient souvent plus tardivement.
Un recours plus tardif au changement d’assurance
Alors qu’en 2023, une forte augmentation des résiliations avait été observée, le baromètre 2024 montre une diminution nette de ces démarches. Seuls 24 % des professionnels de l’assurance notent une hausse des changements de contrat, contre 57 % l’année précédente. Cette baisse s’explique notamment par un manque de communication autour de la loi et une diminution de l’attention médiatique sur ce sujet. En 2022, les informations sur les économies potentielles avaient incité de nombreux emprunteurs à franchir le pas, mais l’élan semble s’essouffler.
L’enquête révèle également que les emprunteurs se montrent plus lents à résilier leur assurance. En 2023, 56 % des emprunteurs avaient changé d’assurance dans les 12 mois suivant la souscription de leur prêt, contre seulement 48 % en 2024. La résiliation entre la première et la deuxième année recule aussi, passant de 80 % à 69 %.
Toutefois, les résiliations au-delà de deux ans augmentent, ce qui montre que le changement reste pertinent, même s’il intervient plus tard. Cependant, plus le changement est tardif, moins les économies sont importantes, car les primes d’assurance sont basées sur le capital restant dû, qui diminue au fil du temps.
Les banques, un obstacle qui s’atténue
Les banques ont longtemps été un obstacle majeur au changement d’assurance emprunteur, s’opposant souvent à la résiliation de leurs contrats pour conserver leurs clients. Cependant, en 2024, cette résistance faiblit. Selon les professionnels du secteur, 31 % des prêteurs se montrent aujourd’hui moins réticents à accepter les demandes de résiliation, contre 48 % en 2023.
De plus, 41 % des courtiers rapportent que certaines banques adoptent une attitude plus flexible, tandis que 26 % notent que certains établissements bancaires s’alignent sur les tarifs plus compétitifs des assureurs alternatifs.
Cette évolution positive facilite la tâche des emprunteurs souhaitant opter pour une assurance moins coûteuse, mais la résistance reste présente. Pour ceux qui changent, les gains peuvent être considérables, avec des économies atteignant souvent plusieurs milliers d’euros sur la durée totale du prêt.
Un manque d’intérêt dans un marché immobilier en crise
L’une des raisons de cette baisse d’intérêt pour le changement d’assurance emprunteur réside également dans la crise du marché immobilier. La diminution des crédits immobiliers accordés réduit naturellement le nombre de nouveaux emprunteurs susceptibles de changer d’assurance.
En parallèle, la complexité des procédures de souscription, bien qu’en baisse, reste un frein pour 28 % des professionnels du secteur, même si cette proportion a diminué par rapport aux 46 % observés en 2023 grâce à la digitalisation croissante des démarches.
Stabilisation à venir ?
Si la loi Lemoine a ouvert la voie à une plus grande liberté pour les emprunteurs, son effet semble se stabiliser en 2024. Le manque de communication autour des avantages du changement d’assurance et la crise du marché immobilier limitent l’impact de cette réforme.
Toutefois, avec une reprise modérée des financements, de nombreux professionnels anticipent une stabilisation de cette tendance dans les mois à venir, offrant ainsi aux ménages une occasion de revoir leur contrat pour alléger le coût de leur prêt.
